Selon les chiffres du ministère de la Culture, près de 2 200 diagnostics et 450 fouilles préventives sont réalisés chaque année en France ! Un chiffre considérable qui traduit non seulement la richesse historique de notre sol, mais aussi le dynamisme de tous ces chantiers qui contribuent à l’aménagement du territoire. L’archéologie préventive vise à protéger et à documenter le patrimoine archéologique avant des projets de construction ou d’aménagement, afin d’éviter la perte d’informations historiques importantes. L’intégration du numérique dans cette démarche apporte de nombreux avantages et élargit les possibilités de recherche.
Entre le 1er janvier et le 31 octobre 2023, 2588 diagnostics ont été prescrits et 378 fouilles autorisées en France.
Source : Drac 2023
Le royaume du crâne digital
L’arsenal digital à disposition des acteurs de l’archéologie préventive est d’une étonnante richesse : photogrammétrie, modélisation 3D, recours à des drones… Il est possible de créer des représentations numériques détaillées des sites archéologiques. Les modèles numériques sont précieux pour documenter l’état initial du site et préserver virtuellement des structures avant tout travail de terrain.
Associés à des outils de SIG (Système d’Information Géographique), qui permettent d’analyser la répartition spatiale des artefacts, des structures et des couches archéologiques, ils facilitent la compréhension des relations entre les éléments du site et d’orienter les fouilles de manière plus ciblée.
La technologie Lidar révèle des caractéristiques du paysage qui ne sont pas visibles à l’œil nu.
La technologie Lidar (Light Detection and Ranging) est également massivement utilisée pour cartographier en détail la topographie des terrains en vue de révéler des caractéristiques du paysage qui ne sont pas visibles à l’œil nu, facilitant ainsi la détection de sites archéologiques.
Les aventuriers de l’arche modélisée
En France, les opérateurs d’archéologie préventive numérique sont agréés par le ministère de la Culture. Il en existe trois types. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) est un établissement public et le principal opérateur d’archéologie préventive en France. Il dispose d’une expertise reconnue dans le domaine de l’archéologie numérique.
On trouve également les services archéologiques territoriaux agréés qui sont des services des collectivités territoriales chargés de l’archéologie préventive sur leur territoire. Ils peuvent ponctuellement faire appel à des opérateurs privés pour réaliser des opérations d’archéologie numérique.
Enfin, les opérateurs privés sont des sociétés ou des associations qui proposent des prestations d’archéologie numérique. Ils peuvent être spécialisés dans un domaine particulier, comme la photogrammétrie, la télédétection ou la modélisation 3D. Dans ce cas, l’agrément délivré est valable 5 ans. Tous les ans, l’opérateur agréé doit présenter un bilan scientifique, administratif, social, technique et financier au ministère de la Culture.
La dernière croisade virtuelle
Au cœur de l’archéologie préventive, on trouve avant tout la nécessité de documenter (numériquement !) les artéfacts découverts au cours des fouilles. Des modèles 3D peuvent être réalisés pour non seulement reconstituer virtuellement les constructions, les habitats ou les sites et réaliser des analyses approfondies.
La modélisation 3D et la réalité virtuelle ouvrent la voie à de nouvelles expériences immersives dans les vestiges de notre histoire.
Toutes ces informations sont compilées dans des bases de données qui peuvent être conservées sans limite de durée. L’archéologie préventive numérique offre une approche holistique qui combine les méthodes traditionnelles de l’archéologie avec les avantages des technologies numériques pour une documentation plus précise et une préservation virtuelle des sites avant même le début des travaux d’aménagement.
Les environnements virtuels et la réalité virtuelle ouvrent par ailleurs la voie à des expériences immersives à destination des chercheurs, des étudiants et du grand public. Elles sont une promesse de visualiser et d’explorer les sites archéologiques à distance. De quoi redonner vie, et pour toujours, à des vestiges qui ont contribué à forger nos sociétés. Le numérique s’inscrit alors dans un vaste continuum temporel riche de sens et de valeur !
