Tout est parti d’un double constat. Tout d’abord celui du déploiement accéléré du numérique. Il est de plus en plus présent dans notre vie quotidienne. Il s’impose aussi dans tous les pans de l’économie. La plupart des élèves exerceront, demain, un métier transformé par les technologies digitales. Et un nombre croissant d’entre eux travaillera dans le secteur du numérique, aujourd’hui en plein expansion.
Second constat, qui découle du premier : la place occupée par le digital dans les enseignements de la primaire au secondaire n’est pas à la hauteur des enjeux du moment. Il y a donc urgence à renforcer les compétences des élèves.
En conséquence, les acteurs de l’éducation – l’État, ses opérateurs, les collectivités territoriales, les éditeurs et les EdTech, les associations et communautés d’acteurs – ont lancé en 2022 une réflexion pour définir les grandes priorités d’une stratégie du numérique pour l’éducation. Une stratégie portée aujourd’hui par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse et qui se décompose en un ensemble d’actions concrètes.
Une attestation de sensibilisation en 6e
Les pouvoirs publics ont mis en avant une première priorité : « développer la citoyenneté numérique des élèves. » D’ici 2027, tous les collégiens – ainsi qu’une majorité d’élèves du primaire et de lycéens – devront bénéficier chaque année scolaire d’une action d’éducation aux médias et à l’information (EMI).
Une initiation aux bons usages, mais aussi aux risques.
Elle prendra par exemple la forme d’une participation à une webradio ou à un atelier sur les médias. Cette sensibilisation pourra s’intégrer aux actions menées dans le cadre de la semaine de la presse et des médias à l’école.
Les élèves de 6e seront par ailleurs initiés aux bons usages des outils numériques et des réseaux sociaux, mais aussi aux dérives et aux risques qui y sont associés. Une attestation de sensibilisation sera généralisée en 6e à la rentrée 2024, via l’outil Pix. Un module sera dédié, dans ce cadre, à la cybersécurité et à la prévention du cyberharcèlement.
Attirer vers les métiers du numérique
Deuxième priorité mise en avant par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse : le renforcement des compétences numériques des élèves. Ce sera « l’une des priorités de la transformation des classes de 5e, 4e et 3e », indique l’institution qui précise : « L’objectif est de permettre à chaque élève de comprendre le fonctionnement des outils et dispositifs numériques (algorithmes, intelligence artificielle…), de savoir les utiliser de manière responsable et de disposer de premières compétences en codage ». Une évolution des programmes est prévue en ce sens pour la rentrée 2024.
Les compétences numériques seront également davantage introduites en primaire. Le ministère assure que l’équipement des établissements va être renforcé. Des robots seront déployés en primaire pour favoriser l’initiation des élèves à la programmation. Dans le même temps, les pouvoirs publics comptent investir dans des plateaux techniques numériques dans les lycées professionnels.
Les lycéennes représentent seulement 14 % des effectifs de la spécialité NSI (Numérique et sciences informatiques) en terminale.
Les pouvoirs publics ambitionnent par ailleurs d’ « accroître l’attractivité de l’ensemble des formations menant aux études et aux métiers du numériques », explique le ministère. La spécialité NSI (Numérique et sciences informatiques) sera, dans ce but, proposée dans davantage de lycées. Des actions visant à valoriser la voie technologique seront également engagées. Une opération séduction particulièrement tournée vers les filles, sous-représentées dans ces filières (14 % des effectifs de la spécialité NSI en terminale).
Au sein du lycée professionnel, la création et la modernisation des diplômes (comme le nouveau bac « cybersécurité, informatique et réseaux électroniques ») seront accélérées. La refonte de la carte des formations prendra, elle aussi, un nouvel élan.
Enseigner aussi aux enseignants !
Le dernier volet du plan d’actions du ministère est tourné vers les enseignants. L’apprentissage des compétences numériques des professionnels de l’éducation sera renforcé. Ce sera par exemple le cas à l’école primaire : « dans le cadre du Plan mathématiques, les professeurs seront davantage formés à l’algorithmique et à la programmation sans écran », précise le ministère. De même, tous les nouveaux enseignants stagiaires passeront une certification de leurs compétences numériques. Ceux n’ayant pas le niveau requis se verront proposer un parcours de formation spécifique.
Le système d’information du ministère est utilisé par 900 000 enseignants, 300 000 personnels administratifs et 12 millions d’élèves.
Les enseignants seront aussi « mieux accompagn[és] dans leurs pratiques numériques », promet le ministère. Des outils numériques libres et gratuits (des « communs numériques ») seront à leur disposition. Une expérimentation est par ailleurs annoncée à partir de 2024 pour faciliter l’accès aux ressources pédagogiques numériques mobilisables en cours via un « compte ressources ».
Enfin, « de nouvelles règles du jeu » sont annoncées au sujet du système d’information ministériel qui concerne 900 000 enseignants. Plus sûr, plus écoresponsable, il sera également plus simple à utiliser dans les années qui viennent. Il gagnera « en fluidité et en qualité », notamment par « l’intégration du principe de l’expérience utilisateur ». Des évolutions qui bénéficieront aussi aux 300 000 personnels administratifs, aux 12 millions d’élèves et à leurs parents, qui ont également recours à ce système d’information.