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Dossier : Au-delà du Buzzword
Au-delà du Buzzword

Au-delà du Buzzword : le Web3

Synonyme d’internet décentralisé pour certains, concept fourre-tout pour d’autres, le Web3 a inondé l’espace médiatique avant de s’effacer derrière d’autres tendances technologiques - l’IA en tête. Pour autant, le Web3 n’était-il qu’un mirage ?

La réponse courte est non. Au-delà du buzzword, le Web3 est bien en cours de construction et le secteur public européen est un acteur majeur de ce changement. Le Partenariat européen sur la Blockchain (PEB), lancé en 2018, développe une infrastructure européenne de services Blockchain (EBSI), visant notamment à créer des services publics exploitant la blockchain. Qu’est-ce que le Web3 et en quoi la technologie blockchain va transformer les services publics ? On fait le point sur cette révolution silencieuse.

C’est quoi ?

Le concept de Web3 (ou web 3.0) a émergé en 2014 sous l’impulsion de Gavin Wood, fondateur de la blockchain Ethereum, pour désigner une troisième version du web reposant sur la décentralisation des données et des applications. Pour comprendre ce qu’est le Web3, revenons un instant sur l’évolution du web :

  • Web 1.0 : inventé au début des années 1990 par Tim Berners-Lee, le “World Wide Web” des origines est un système d’information distribué reposant notamment sur l’hypertexte. Cette application d’Internet a donné lieu à la création des premiers sites web (en HTML simple puis avec du CSS), avec des fonctionnalités basiques et peu d’interactivité.
  • Web 2.0 : le début des années 2000 voit émerger les réseaux sociaux, les blogs, les wikis et autres services de partage de contenus. Ce web social et interactif, bâti notamment sur l’AJAX, s’est construit autour de plateformes de médias sociaux (Facebook, Twitter, Youtube…), qui ont révolutionné notre manière de communiquer et permis le développement de nouveaux modèles d’affaires.
  • Web 3.0 : au milieu des années 2010, les limites du Web2 ont été pointées du doigt : centralisation du pouvoir et des données par une poignée de grandes entreprises, vulnérabilités en matière de sécurité, atteinte à la vie privée… En réaction à cette évolution, le concept de Web3 promeut l’utilisation de la technologie blockchain pour décentraliser le stockage et de la gestion des données, renforcer la sécurité et la protection de la vie privée, ou encore améliorer la transparence et l’interopérabilité.

 

Le Web3 repose sur une innovation technologique majeure : la blockchain. Une “chaîne de blocs” est un registre numérique distribué, dans lequel les transactions sont enregistrées de manière sécurisée, transparente et inaltérable.

À quoi ça sert  ?

Développée initialement dans le cadre du projet Bitcoin, la blockchain a pris son essor dans les cryptomonnaies pour sécuriser les transactions. Puis les secteurs de la finance et de l’assurance ont été les premiers à tirer parti de cette technologie, notamment dans le domaine des smart contracts et de la finance décentralisée (DeFi).

Plus largement, la blockchain est pertinente dans tous les domaines impliquant une exigence de traçabilité : dans la logistique et la sécurité alimentaire pour garantir la traçabilité des produits, dans l’immobilier pour le stockage des titres de propriété, ou encore dans la santé pour le suivi des données médicales.

La blockchain est pertinente dans tous les domaines impliquant une exigence de traçabilité.

 

Au niveau européen, la blockchain se déploie dans le cadre du PEB et de son projet phare : l’EBSI (European Blockchain Services Infrastructures). Cette initiative vise à fournir une infrastructure de blockchain fiable et sécurisée à travers l’Europe pour faciliter la fourniture de services numériques transfrontaliers. À ce jour, les premiers cas d’utilisation expérimentés sont les suivants :

  • Identité numérique européenne : simplifier le contrôle d’identité transfrontalier, sans le concours des autorités centrales (en lien avec le règlement eIDAS).
  • Diplômes : réduire le coût de vérification et renforcer la confiance quant à l’authenticité des diplômes.
  • Notariat : créer des pistes d’audit fiables, prouver l’intégrité des données, automatiser certains contrôles de conformité.
  • Partage de données sécurisé entre les autorités de l’UE.

 

Pourquoi on en parle ?

Le Web3, porté par la blockchain, promet une révolution dans la gestion et la sécurisation des données. Son potentiel pour redéfinir les interactions numériques attire l’attention tant des entreprises que du secteur public. Si l’expression “innovation disruptive” est utilisée à tort et à travers, force est de constater que la blockchain en est une.

Good Buzz ou Bad Buzz ?

Le scepticisme autour du Web3 est compréhensible compte tenu de la complexité du concept et des controverses qui agitent des notions voisines, telles que les cryptomonnaies, NFT ou encore le metaverse. Il est tentant de voir dans le Web3 “plutôt du marketing que la réalité”, à l’instar d’Elon Musk. En plus des difficultés à rendre accessible le concept de Web3, l’impact environnemental de la blockchain pose un problème éthique majeur pour le développement de cette nouvelle version du web.

Pourtant, l’enthousiasme autour du Web3 est légitime : évolution vers un web décentralisé, plus sécurisé et plus juste, il porte la promesse d’une maîtrise des données et d’une plus grande transparence, en s’affranchissant des contraintes imposées par les géants du Web 2.0.

Et au-delà du buzzword ?

Au-delà des controverses et de la complexité du concept, le Web3 nous invite à prendre un peu de recul pour nous interroger sur des notions essentielles de décentralisation, de souveraineté, de confidentialité et de transparence dans la mise en place des nouveaux services numériques et à repenser la manière de construire et consommer une technologie aussi fondamentale qu’internet.

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